On aurait pu croire qu’en bon début du XXIème siècle, ce sport-là était abandonné aux circonvolutions des républiques bananières d’Afrique et d’ailleurs. Qu’une horde de noirs issus des townships sud-africains créent l’émoi de l’opinion internationale en lynchant de paisibles petits commerçants et ouvriers zimbabwéens venus chercher bonheur au pays du vrai-faux miracle postapartheid, ça passait encore. Les Africains, ces grands enfants qui « refusent d’entrer dans l’Histoire » (dixit un président européen qui préfère souvent l’ouvrir avant de réfléchir), ne seraient même pas foutus d’offrir gîte et bout de pain à leurs « frères ». Cela devrait-il étonner ?
Mais qu’arrive-t-il donc aux maîtres de ce bas-monde, tous grands donneurs de leçons des droits de l’Homme devant l’Eternel ? Que leur arrive-t-il de se comporter, vis-à-vis des étrangers sur leur sol, comme de vrais salauds ? Auraient-ils perdu le nord, ces bonnes âmes du Nord si promptes à monter en épingles les dérives totalitaires des potentats du Sud ? Du Texas à l’Ile-de-France, de Santa Fe à Naples, telle une faille tectonique, l’hydre xénophobe quitte le maquis du politiquement incorrect pour se draper des apparats du pouvoir étatique. On parle de « droites décomplexées ». Tellement décomplexées qu’elles oublient, comme en France, que naguère la bannière de la patrie fut estampillée « terre des droits de l’Homme ». Autres temps, autres mœurs. Vite oubliée, l'affaire Dreyfus. Désormais enfouie, la rafle du Vel' d'Hiv et j'en oublie...
Mais qu’arrive-t-il donc aux maîtres de ce bas-monde, tous grands donneurs de leçons des droits de l’Homme devant l’Eternel ? Que leur arrive-t-il de se comporter, vis-à-vis des étrangers sur leur sol, comme de vrais salauds ? Auraient-ils perdu le nord, ces bonnes âmes du Nord si promptes à monter en épingles les dérives totalitaires des potentats du Sud ? Du Texas à l’Ile-de-France, de Santa Fe à Naples, telle une faille tectonique, l’hydre xénophobe quitte le maquis du politiquement incorrect pour se draper des apparats du pouvoir étatique. On parle de « droites décomplexées ». Tellement décomplexées qu’elles oublient, comme en France, que naguère la bannière de la patrie fut estampillée « terre des droits de l’Homme ». Autres temps, autres mœurs. Vite oubliée, l'affaire Dreyfus. Désormais enfouie, la rafle du Vel' d'Hiv et j'en oublie...
A coup de lois dignes des périodes les plus sombres de l’Occident contemporain, à coup de déclarations politiques qui font froid dans le dos plus qu’elles ne rassurent des peuples qui croient de moins en moins en leurs dirigeants, voilà les hommes et femmes politiques des démocraties du Nord qui s’en vont en guerre contre les métèques. Ces derniers ont pour noms « Mexicains » au pays de Sarah Palin, « Musulmans », « Noirs » ou « Roms » aux pays de Sarkozy ou de Berlusconi. Aux uns on promet le retour forcé au pays d’origine après contrôle de faciès, aux autres on annonce la déchéance prochaine d’une nationalité qu’on aurait jamais dû leur concéder, tant leur identité cancéreuse est en soi une injure à l’Inviolable République. On agite des peurs, on manipule les esprits faibles et Dieu sait s’il y en a dans ces Etats qui se targuent, à juste titre d’ailleurs, d’avoir gagné la bataille de l’alphabétisation. Dans ces républiques, en effet, l’école est gratuite depuis des lustres. Pour faire simple, disons que tous les citoyens y sont instruits. L’obscurantisme sous-jacent à l’illettrisme, on ne connaît pas. Il en sort quoi cependant ? Des pauvres gens à qui on fait croire que tous les maux contre lesquels ils se battent et que n’arrivent pas à résoudre leurs élus ont une seule et unique origine : l’étranger. Le pire ? Ceux qui achètent cette pourriture qu'on veut faire passer pour de la politique se comptent par millions. Triste ? Non, inquiétant. L'Histoire pourrait bégayer, elle sait très bien le faire.
L’heureuse exception canadienne
Heureusement, des îlots de tolérance, voire de multiculturalisme serein existent ici et là. Vivant au Canada depuis un peu plus de trois ans aujourd’hui, je ne peux que faire une fière chandelle aux hommes et femmes de ce pays. Un pays qui peut se targuer de ne pas afficher dans son paysage politique ce que l’on nomme ailleurs « l’extrême-droite ». Je n’ai pas vu ici de Jean-Marie Lepen ni de Geert Wilder ; je n’ai entendu vociférer ni Umberto Bossi ni Filip Dewinter. Je n’ai pas croisé sur les routes du Québec ou de l’Ontario une armée d’agités du bocal accusant libéraux et conservateurs d’avoir dilué « l’identité canadienne » dans le flot d’immigrants qui arrivent chaque année par millions. Non, la proximité avec le géant étasunien n’a pas eu pour conséquence de créer un effet domino cauchemardesque outre-Niagara. A preuve, le mouvement de « Tea party » cher à Glenn Beck et Fox News n’a pas fait d’émules dans le pays qui a élevé une femme noire née à Jacmel (Haïti) et mariée à un sujet Français, à la plus haute et prestigieuse fonction régalienne qui soit – J’ai cité la Gouverneure générale Michaëlle Jean. Il m’a semblé opportun de saluer ce fait, au moment où il ne fait pas bon d’avoir des origines étrangères dans bien de démocraties occidentales. Je ne suis pas assez dupe pour croire que l’exception canadienne soit un acquis éternel ni qu’elle puisse perdurer sans la vigilance citoyenne, sans la contribution active de tous ceux qui participent au vouloir vivre ensemble qui règne dans ce pays-continent. Mais je ne peux m’empêcher de souhaiter que cette démocratie de mon nouveau pays d’adoption, aussi imparfaite qu’elle soit, donne des idées à ceux qui semblent en chercher du mauvais côté. Puisse-t-elle inspirer les leaders de ces démocraties en proie à ce que j’appelle une « bananarisation rempante », lesquels pernnent le parti de masquer l’inefficacité de leur action politique par un écran de fumée nommé « les étrangers ».
L’heureuse exception canadienne
Heureusement, des îlots de tolérance, voire de multiculturalisme serein existent ici et là. Vivant au Canada depuis un peu plus de trois ans aujourd’hui, je ne peux que faire une fière chandelle aux hommes et femmes de ce pays. Un pays qui peut se targuer de ne pas afficher dans son paysage politique ce que l’on nomme ailleurs « l’extrême-droite ». Je n’ai pas vu ici de Jean-Marie Lepen ni de Geert Wilder ; je n’ai entendu vociférer ni Umberto Bossi ni Filip Dewinter. Je n’ai pas croisé sur les routes du Québec ou de l’Ontario une armée d’agités du bocal accusant libéraux et conservateurs d’avoir dilué « l’identité canadienne » dans le flot d’immigrants qui arrivent chaque année par millions. Non, la proximité avec le géant étasunien n’a pas eu pour conséquence de créer un effet domino cauchemardesque outre-Niagara. A preuve, le mouvement de « Tea party » cher à Glenn Beck et Fox News n’a pas fait d’émules dans le pays qui a élevé une femme noire née à Jacmel (Haïti) et mariée à un sujet Français, à la plus haute et prestigieuse fonction régalienne qui soit – J’ai cité la Gouverneure générale Michaëlle Jean. Il m’a semblé opportun de saluer ce fait, au moment où il ne fait pas bon d’avoir des origines étrangères dans bien de démocraties occidentales. Je ne suis pas assez dupe pour croire que l’exception canadienne soit un acquis éternel ni qu’elle puisse perdurer sans la vigilance citoyenne, sans la contribution active de tous ceux qui participent au vouloir vivre ensemble qui règne dans ce pays-continent. Mais je ne peux m’empêcher de souhaiter que cette démocratie de mon nouveau pays d’adoption, aussi imparfaite qu’elle soit, donne des idées à ceux qui semblent en chercher du mauvais côté. Puisse-t-elle inspirer les leaders de ces démocraties en proie à ce que j’appelle une « bananarisation rempante », lesquels pernnent le parti de masquer l’inefficacité de leur action politique par un écran de fumée nommé « les étrangers ».
Excellent post écrit de main de maître comme d’habitude allais-je écrire…
RépondreSupprimerOui les pays du "Nord " auraient vraiment besoin d’une boussole pour le retrouver ce nord !
La France si prompte habituellement à donner des leçons à certains pays qui ne respecteraient pas assez les droits de l’Homme à son goût, c’est tout de même ce pays qui a inventé cette notion voilà trop longtemps sans doute, puisque une certaine amnésie semble la frapper, montre ces jours une face peu recommandable.
Oui la "droite décomplexée" quelle expression ! fait peur car elle n’a plus de tabous, face à l’argent qu’il faut étaler, gagner en écrasant les autres au passage, on ne va pas les plaindre, ils auraient dû mieux se débrouiller et surtout face à l’immigration qui n’est plus le pré carré de l’extrême droite.
Bien sûr que se sujet de l’émigration est un sujet important, qu’il doit être discuté, que des mesures doivent être prises pour l’encadrer. Comme le disait Michel Rocard "la France ne peut accueillir toute la misère du monde" mais il ajoutait sitôt après et ceci est souvent tronqué et donc lui fait dire le contraire de ce qu’il voulait dire "mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part".
Mais…comme dans d’autres domaines la réaction gouvernementale est toujours une réaction à chaud à un fait divers. Le saccage d’une gendarmerie et l’abattage d’arbres sur le domaine public dans une commune du Loiret me semble t-il, par des gens du voyage est une infraction, il fallait en poursuivre les auteurs et les juger. Eh bien à partir de ce fait divers la machine s’est emballée…
Il convenait de mettre au pas les gens du voyage, les Roms. Déjà l’amalgame était fait entre ces catégories et la délinquance. De plus, au plus sommet de l’Etat, le mélange des genres si je puis dire était réalisé. Les gens du voyage , c’est un terme administratif, ce sont des personnes sans domicile fixe qui soit dit en passant doivent faire viser un livret de circulation tous les trois mois dans un commissariat…les Roms c’est une ethnie, les deux notions ne coïncident pas du tout.
Depuis leur migration initiale depuis probablement l’Inde, les Roms dispersés en Europe ont dans les heures sombres toujours fait l’objet de persécutions, en Suisse dans les années 30 où les enfants tsiganes sont enlevés à leur famille ( quand l’eugénisme s’en mêle aussi ) pour les rééduquer dans de bonnes familles, durant la seconde guerre mondiale en tant que non aryiens…internés et exterminés dans des camps.
C’est pour cela que la vigilance doit s’imposer. Il est toujours extrêmement dangereux et contraire à la notion même d’individu de stigmatiser une ethnie et d’appliquer des mesures administratives à celle-ci. Les mesures de reconduite à la frontière sont par nature des mesures individuelles, c’est la situation d’un individu au regard de la loi qui importe pas son appartenance à une ethnie.
La Frenchie que vous êtes, MiDo, prend sans doute la mesure de cette dérive ultradroitière française mieux que moi. Et vous faites bien de rappeler la partie du message de Rocard que l'on passe volontiers sous silence, de même restituez-vous dans une perspective historique intéressante (ce qui ne m'étonne pas de vous) le triste destin des Roms.
RépondreSupprimerQu'il y ait dans un pays de la xénophobie, du racisme et tout ce qui va avec, n'est guère surprenant. L'être humain est ainsi fait qu'il cherchera toujours ce qui est différent chez l'autre pour trouver l'exutoire à ses peurs, aux bas instincts de l'animal primitif qui se cache en lui. Mais que des dirigeants politiques, a fortiori des gouvernements d'Etats soi-disant démocratiques et fondés sur l'idée des droits fondamentaux de la personne choisissent ces antivaleurs comme stratégie (à moins que ça ne soit que stratagèmes) de conquête et de conservation de pouvoir est très inquiétant. Qu'ils fassent, comme en France, amalgame entre catégories de la population présentes sur le territoire national dans le seul but de justifier l'injustifiable relève d'un populisme qui ne grandit ni n'honore ses auteurs.
Je partage toute votre indignation, Blaise. Et comme d'habitude, vous savez trouver les mots pour le dire. Le Nord perd effectivement le nord, comme vous l'écrivez.
RépondreSupprimerJ'aimerais mettre un bémol pour ce qui est de "l'exception canadienne" : avez-vous suivi, en 2007 (vous veniez d'arriver à Montréal si je me souviens bien) les travaux de la très médiatisée "Commission Bouchard - Taylor sur les accomodements raisonnables ?". Si oui, vous avez dû entendre, comme moi, des choses qui font penser à cette recherche du bouc émissaire que vous dénoncez à juste titre.
Bon week-end à vous !
@ Mopaya Sé Mopaya (il fallait le trouver !) :
RépondreSupprimerVous tapez juste, j'ai été témoin, la télé aidant, des travaux de la Commission Bouchard - Taylor. Je ne saurais contester le fait que dans une sorte de thérapie collective (dont on peut cependant douter des rétombées, puisque les conclusions de ces assises ont fait long feu), les Québécois ont dit tout haut ce qu'ils pensaient de l'immigration. Oui, on n'a pas entendu que de la musique douce. Mais les dérapages enregistrés, ont tous été le fait des quidams plus ou moins informés du fondement de la politique migratoire de la province et du pays en général, de même que de la contribution des immigrants à la prospérité économique du Canada. Je n'ai pas entendu un seul responsable politique Québécois, encore moins le Premier Ministre Charest, expliquer à ses concitoyens que tout foutait le camp dans la province à cause des Arabes, des Africains, des Haïtiens et que sais-je ! C'est ce contraste qui m'amène à parler d'exception canadienne en comparaison avec les discours du genre "La France, tu l'aimes ou tu la quittes" (dixit l'actuel locataire de l'Elysée).
Oui les échos que j'ai pu avoir sur ce débat relatif aux "accommodements raisonnables" faisaient état de plus de convivialité que de dérapages. Ce devait de toute façon, ce n'était pas difficile, être plus constructif et de meilleure tenue générale que notre débat affligeant, et le mot est faible, sur l'identité nationale. Il a d'ailleurs disparu et c'est tant mieux à la trappe. Certes si c'était pour le remplacer par un cas pratique de reconduites massives à la frontière de Roms, personne n'y gagne au change.
RépondreSupprimerEt aujourd'hui notre ministre des affaires étrangères, le French doctor Bernard Kouchner a annoncé avoir songé à démissionner en raison de ce traitement des Roms, je n'avais encore jamais entendu pareille réaction. Il faut savoir aller au bout de ses idées, comme le disait Chevènement "un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne".