POURQUOI JE M'EN MÊLE ...

"NOUS SOMMES TOUS SOURDS QUAND CELA ARRANGE NOTRE BONHEUR. CELA REPOSE UN PEU DE NE PAS TOUT ENTENDRE" - Tahar Ben Jelloun

jeudi 26 février 2009

DOCTEUR SARKOZY AU CHEVET DU "VENTRE MOU" DE L'AFRIQUE : REMÈDE-MIRACLE OU MIRAGE D'UN NÉO-COLONIALISME QUI N'A PAS FROID AUX YEUX ?



Arrêt sur les "Propositions françaises sur le retour de la paix et de la stabilité dans la région des Grands Lacs"

Le Président Français, dont les sorties hasardeuses sur les questions africaines font désormais florès - on se souviendra des vagues provoquées par le fameux Discours de Dakar et l’assertion selon laquelle « l’Homme africain n’est pas encore suffisamment entré dans l’Histoire » (voir photo) - a encore suscité la polémique lors de son message, le 16 janvier dernier, à l’occasion du traditionnel échange de vœux avec le corps diplomatique accrédité à Paris. Ce jour-là, Nicolas Sarkozy avait décidé de dévoiler ses idées sur la situation critique de l’Est du Congo-Kinshasa et par extension, sur l’instabilité dans la région des Grands Lacs. Il avait ainsi évoqué "la place, la question de l'avenir du Rwanda, pays à la démographie dynamique et à la superficie petite" et "la question de la RDC, pays à la superficie immense et à l'organisation étrange des richesses frontalières". Dans une formule des plus sibyllines, le Chef de l’Etat Français avait plaidé pour une "nouvelle approche" pour régler "de façon globale" les problèmes d'instabilité dans la région des Grands Lacs, devenue le "ventre mou" du continent.
Ces propos avaient suscité une vive polémique en R.D.C. et au sein de la diaspora congolaise, la presse kinoise parlant de projet de balkanisation du pays, au centre de guerres régionales en 1996-1997 et 1998-2003, avant l’épisode actuelle où la rébellion menée hier par un certain Laurent N'kunda – aujourd’hui « arrêté » au Rwanda – passe aux yeux de beaucoup de Congolais pour un épisode de plus dans une macabre saga dont le bénéficiaire immédiat serait le Rwanda. Dans les coulisses des diplomaties française et congolaise, s’ébruitait néanmoins la visite prochaine, courant mars 2009, de Nicolas Sarkozy à Kinshasa. On sait, depuis, que la date du 19 mars a été avancée. Kinshasa où des parlementaires de l'opposition s'étaient dits hostiles à la prochaine visite de « l’Omniprésident » Français, "pour autant qu'elle met en danger les intérêts fondamentaux du peuple congolais". A ceux qui l’interrogeaient, fin janvier, sur les propos de son homologue français, le Président Congolais Joseph Kabila s'était borné à souligner que "les décisions congolaises se prennent ici, pas à Bruxelles, ni à Paris ou Washington". Je vous laisse deviner quelle aurait été, dans les mêmes circonstances, la réponse d’un Abdoulaye Wade ou pire, celle d’un Robert Mugabe – deux Chefs d’Etat avec qui je suis pourtant bien loin d’être d’accord sur tous les points - si cela avait concerné la souveraineté du Sénégal ou du Zimbabwe. Mais là n’est peut-être pas le plus important, Joseph Kabila nous a, hélas, habitués à un style de gouvernance d’une illisibilité souvent déconcertante.
Vous avez dit "quiproquo" ?

Qu’à cela ne tienne donc, l’Elysée, « surpris » par l’interprétation que les Congolais auraient donnée aux propos du Président, a voulu calmer les esprits et rassurer les critiques. Dans une interview qu’il vient d'accorder à la presse écrite congolaise et relayée par l'AFP, Nicolas Sarkozy se défend de prôner le démembrement de la R.D.C. et va jusqu’à marteler que "la souveraineté de la RDC et l'intangibilité de ses frontières sont des principes sacrés. Si un pays continuera de se battre pour garantir leur plein respect, ce sera bien la France". On aurait presque envie de se lever pour une standing ovation.

À mon avis, plusieurs lectures peuvent être faites des positions du Président Français, à l'aune des propos tenus en janvier devant les diplomates puis, deux mois plus tard, devant les médias congolais. D’aucuns pourraient se pencher – si ce n’est déjà fait – sur une possible ambivalence de Sarkozy pour y rechercher la véritable intention d’un Chef d’Etat à la tête d’une ancienne puissance coloniale, par ailleurs incapable de véritablement rompre avec la nébuleuse Françafrique. D’autres pourraient s’attarder sur l’existence réelle ou supposée d’un complot international visant effectivement à démembrer un pays immensément riche potentiellement, mais si mal géré depuis des décennies que sa faiblesse extrême en tant qu’Etat laisse libre cours au mercantilisme trans-national et à l’aventurisme politique des plus affligeants, au cœur d’un continent qui espère toujours le réveil de ce géant trop longtemps assoupi.

Pour ma part, j’ai choisi de laisser à Nicolas Sarkozy, ne serait-ce provisoirement, le bénéfice du doute. Loin d'être synomyme de duplicité, cette position est celle que suggère l'adage du droit coutumier mbala qui recommande au juge devant qui se présente un sot qui ne sait pas tenir sa langue, de rendre justice à celui-ci en le tenant par sa propre turpitude, ne reposant son verdict que sur les allégations, fallacieuses ou véridiques, que le sujet sort lui-même de sa bouche ("Mbi ufuda guda, am'ifuda guyidika"). Ainsi, laissant à d'autres le soin de sonder les reins de Sarkozy, j'ai choisi de m'en tenir au verbe et rien qu'au verbe, me penchant sur les mots que sort le locataire de l'Elysée, lorsqu'il tente de se justifier, de s'expliquer. C'est dans cet esprit que j’aimerais vous inviter à vous pencher sur le contenu des idées qu’il évoque à l’appui de sa volonté déclarée de contribuer, au nom de la France, au retour de la paix et de la stabilité dans la région des Grands Lacs. Ces idées sont contenues dans un document récemment concocté par les services du Président Français intitulé « Propositions françaises sur le retour de la paix et de la stabilité dans la région des Grands Lacs ». Je vous en reproduis la quintessence, ci-dessous, avant de vous inviter à livrer vos avis :

"1) Les violences perpétrées ces derniers mois à l'Est de la RDC apparaissent comme le quatrième épisode, en 10 ans, d'un «même conflit» dont les causes sont profondes: économiques (les richesses congolaises attirent toutes les convoitises tout en nourrissant la guerre), politiques, foncières, etc.
A l'exception du soutien à la transition démocratique, la communauté internationale n'a jamais réussi à apporter les réponses adéquates à ces enjeux de fond. Son approche fut largement segmentée (absence de vision globale), inconstante (relatif désengagement en dehors des périodes de crise médiatisées), voire superficielle. Il convient de revoir la stratégie comme les méthodes.
2) L'approche française repose sur quatre principes:
- Les frontières de la RDC sont intangibles et sa souveraineté inviolable. La France n'a jamais cessé de défendre, à titre national comme dans les enceintes multilatérales, l'intégrité territoriale de la RDC.
- Une paix durable ne peut reposer que sur des choix politiques concertés, dans le respect des souverainetés nationales. Les options militaires ne régleront jamais les causes profondes du conflit.
- Un règlement de la crise suppose une démarche globale et cohérente. Les propositions doivent être réalistes et concrètes.
- La méthode est un enjeu majeur. La concertation, le dialogue, le pragmatisme, l'expérimentation et l'appropriation par les Congolais eux-mêmes et les pays de la région sont des éléments fondamentaux.
3) Dans ce cadre, le schéma proposé comporterait deux grands axes :
a) Premier axe: Appuyer un mécanisme efficace de règlement des conflits fonciers et inter-communautaires au Nord-Kivu.
Les actes de Goma ont permis aux différents acteurs congolais d'évoquer leurs différends. Il convient aujourd'hui de les régler concrètement. Les chefs traditionnels, les Eglises et la société civile ont un rôle déterminant à jouer, avec le soutien de la communauté internationale.
b) Deuxième axe : engager les pays de la région dans une logique de coopération économique pacifique.
Dans la région des Grands Lacs, il est nécessaire de: i) casser l'économie de guerre à l'oeuvre depuis plus de 10 ans; ii) créer les conditions nécessaires pour que les acteurs aient davantage intérêt à la paix qu'à la poursuite du conflit.
Le principe de l'intangibilité des frontières n'est en rien incompatible avec une logique de développement commun. Cette démarche de long terme a déjà fait ses preuves en Europe au lendemain de la seconde guerre mondiale (Communauté Economique du Charbon et de l'Acier).
L'objectif est, non pas d'engager une logique - inacceptable - d'un quelconque partage des richesses, mais de favoriser la mise en valeur du potentiel de la RDC et de la région et de développer des projets fédérateurs.
Un cadre régional existe déjà: la Communauté Economique des Pays des Grands Lacs (CEPGL). Il s'agit non pas de le remettre en cause mais de le revivifier par la mise en place de nouveaux projets de développement concrets: - Une agence inter-étatique d'aménagement régional. Elle serait un lieu de coopération et d'échanges pour favoriser, avec l'appui des bailleurs de fonds, le développement des réseaux d'infrastructures (routes, ponts) essentiels à la croissance des échanges régionaux
Une Chambre Régionale de Commerce, d'Industrie, des Mines et d'Agriculture. Elle permettrait d'apporter plus de transparence dans la gestion globale des ressources de la région, d'organiser les filières (par exemple pour les céréales, les oléagineux et le bétail), de mobiliser les capitaux nécessaires à leur mise en valeur et de fédérer les énergies des acteurs publics et privés.
Une concertation régionale en matière règlementaire : contrôle et lutte contre la fraude, coopération douanière, mécanismes de certification, harmonisation de la fiscalité aux frontières.
- Des projets structurants à vocation régionale: il s'agirait d'investir, dans un cadre concerté, dans les domaines de l'énergie, de l'eau, de la santé, des télécommunications et de la sécurité alimentaire. Le développement du barrage de la Ruzizi ou l'exploitation du gaz du Lac Kivu est déjà au programme de la CEPGL. Mais d'autres projets, plus modestes mais réalisables à plus court terme, pourraient être envisagés, par exemple des micro-barrages (50 à 200000 dollars) dans la plaine de la Ruzizi.
Une coopération trans-nationale pour la protection du patrimoine naturel et de la faune (parc des Virunga par exemple).
Cette approche coopérative dans la gestion du développement régional irait de pair avec la réaffirmation du principe de libre-circulation des personnes, inscrite dans les statuts de la CEPGL et déjà à l'oeuvre sur le terrain.
4) Cette approche globale ne peut être qu'une oeuvre de longue haleine. Elle suppose certains préalablesà court terme :
- La réaffirmation de la souveraineté et de la pleine autorité de la RDC sur son territoire et ses richesses. - Une garantie de sécurité pour le Rwanda: c'est la question des FDLR.
- Le retour de la paix: les milices rebelles doivent déposer les armes; chaque acteur concerné doit contribuer en ce sens.
5) Plus important encore, le rétablissement de la confiance dans la région, à tous les niveaux, est un enjeu essentiel: condition d'une coopération réussie, elle est aussi un objectif-clef de la démarche proposée. Conclusions:
- La RDC est et restera le pays-pivot de la région. La paix et la stabilité dans les Grands Lacs supposent: a) la consolidation des structures étatiques congolaises et son développement économique, b) une dynamique de coopération régionale.
- L'approche française n'a pas vocation à être imposée de l'extérieur. Il appartient aux pays et aux populations de la région de se l'approprier, d'en débattre, de l'enrichir.
- La démarche se veut progressive - les progrès se feront nécessairement par étapes - et pragmatique: les projets de développement ou les logiques de concertation doivent concerner les pays qui le souhaitent et qui y trouvent un intérêt pratique: la RDC, le Rwanda, mais aussi le Burundi, l'Ouganda, la Tanzanie, etc.
- Il convient de faire émerger un consensus général: les pays de la région (gouvernements, parlements, élus locaux, société civile, populations locales), la communauté africaine et internationale, les donateurs, l'Onu, le PNUD, les institutions financières internationales doivent travailler ensemble et dans une même direction."


Alors, remède-miracle ou mirage dans un conflit dont la complexité et les agendas des protagonistes ne sont pas toujours ce qu’il y a de plus rassurant ? Mon avis personnel est que ce n’est ni l’un ni l’autre. Je crois que Sarkozy enfonce ici une porte ouverte que bien d’analystes de cette région ont depuis longtemps mise en exergue, mais que l’absence de volonté et de courage politiques ont empêché de considérer véritablement en vue d’une mise en œuvre effective : l’avenir est à l’intégration économique régionale, comme dans l’espace CEDEAO, pour ne citer que l’exemple le plus viable sur le continent, sans aller chercher l'Europe. Mais en même temps, et c’est le plus important, cette intégration doit avoir pour préalable le retour de la paix. Nicolas Sarkozy le dit certes, mais ce qu'il effleure à peine, c'est que parler du retour de la paix dans cette région, c'est exiger non seulement le renoncement par les pays africains concernés à la tentation de déstabilisation mutuelle, mais aussi, parallèlement, l'abandon par certains « parrains » occidentaux connus de tous, de ce double langage qui peine à voiler la sponsorisation par eux des combines militaro-maffieuses qu'ils font semblant de dénoncer. Qui pourrait nier le rôle néfaste joué dans cette crise par Londres et Washington (sous George W. Bush), soutiens inconditionnels de Paul Kagame ? L’idée longtemps différée d’une Conférence internationale sur la région des Grands Lacs prend ici, plus que jamais, son sens. Elle permettrait à la fois de mettre en lumière les responsabilités des acteurs officiels et occultes de ce conflit afin de dissiper l'écran de fumée qui entourre l'échiquier sous-régional, et d'intégrer dans la gestion de la problématique de la paix, plus d’un joueur qui ne se retrouve pas au sein de la CEPGL, clé de voûte du « Plan Sarkozy » - Je pense à l’Ouganda et à l'Angola, notamment.
Sur le plan technique, les pistes avancées en termes des champs et mécanismes de coopération ne manquent pas d’intérêt, mais elles ne peuvent être vues que comme des ébauches à partir desquelles les pays concernés, aidés par la communauté internationale – aux premiers rangs de laquelle les Etats Africains non impliqués dans la crise sous-régionale – pourraient définir et mettre en œuvre ce qui satisfait le mieux leurs intérêts réciproques, autrement dit ceux de leurs peuples. Si je continue à lui laisser le bénéfice du doute, je dirais que Sarkozy aura compris le bienfondé d'une approche "afrocentriste" de toute entreprise de dénouement durable de cette crise, lorsqu’il dit : « l'approche française n'a pas vocation à être imposée de l'extérieur. Il appartient aux pays et aux populations de la région de se l'approprier, d'en débattre, de l'enrichir ». Au-delà d'un possible machiavélisme du dirigeant francais qui n'a, en tout état de cause, aucune raison d'aimer l'Afrique plus que les Africains eux-mêmes, s’approprier un tel processus et a fortiori son contenu ultime, tel est le défi à relever par les classes politiques et les sociétés civiles des pays concernés. La R.D.C., pays qui a payé et qui paie encore le plus lourd tribut à ce conflit qui n'en finit pas de finir, devrait être le premier à le comprendre. Maintenant ou jamais. Et c'est le moins que l'on puisse attendre d'elle.


mardi 17 février 2009

CAMBODGE : LA FACE CACHÉE D'UNE JUSTICE SÉLECTIVE

Trois décennies après la chute des Khmers rouges, un tribunal cambodgien parrainé par les Nations Unies a entamé, ce mardi 17 février 2009, le procès d’un ancien dirigeant Khmer, M. Kang Kek Ieu, alias « Douch », responsable du tristement célèbre centre S-21, véritable Graal de la torture sous Pol Pot. Si beaucoup s’en félicitent et saluent ce procès tant attendu par les familles des victimes et les survivants du génocide qui a fauché la vie de près de 2 millions de Cambodgiens, il me semble plus qu'indiqué de ne pas fermer les yeux devant ce qui apparaît aux yeux de plusieurs - historiens, militants des droits de l’homme ou citoyens lambdas un tant soit peu informés des rôles joués naguère par les protagonistes des événements entourant ces massacres - ce qui apparaît donc, comme un beau tour de passe-passe. Il y a, en effet, comme un air de supercherie qui se joue insidieusement sous nos yeux et qui laisse en dehors du champ de responsabilité – et partant de la justice – une légion entière de co-auteurs et complices, directs et indirects, de cette immense tragédie. Je veux parler des protagonistes non-Cambodgiens qui ont été épargnés par la procédure lancée en 2003 par les « Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens (CEC) chargés de juger les auteurs des crimes commis sous le régime khmer rouge ». Un regard dans le passé permet de fixer quelques repères.

Petite mise en contexte - Lorsque, en décembre 1978, après trois années d’attaques des Khmers rouges contre son territoire, le Vietnam envahit le Kampuchéa démocratique – nom donné par les Khmers rouges au Cambodge –, le monde découvre les crimes de masse des années Pol Pot. Toutefois, au sein de l’ONU, une alliance se noue entre les Etats-Unis, la Chine et leurs alliés pour condamner un « changement de régime issu d’une intervention étrangère ». Nous sommes en période de guerre froide et les Cambodgiens ont eu le tort d’être libérés de la barbarie par un allié de l’URSS ! Aucune surprise donc lorsque la communauté internationale, sous la houlette des USA, refuse de reconnaître la nouvelle République populaire du Kampuchéa (RPK). Et c’est l’ambassadeur khmer rouge Thiounn Prasith qui va conserver, pendant les quatorze années qui suivent, le siège du Cambodge à l’ONU. Les bourreaux représentent leurs victimes, alors même que, dans les zones encore sous leur contrôle, ils continuent de massacrer des populations. Pour Washington, les principaux dirigeants de l’ex-Kampuchéa démocratique sont considérés comme des « personnalités non communistes » qu’il faut soutenir dans leur lutte contre l’occupation vietnamienne. Occidentaux et Chinois reconstituent, en Thaïlande, l’armée de Pol Pot.

On comprendra pourquoi, dès lors, la Commission des droits de l’homme de l’ONU refuse, en 1979, de se prononcer sur un rapport contenant neuf cent quatre-vingt-quinze pages de témoignages sur les violations massives des droits fondamentaux au Kampuchéa démocratique. Lorsque commencent les négociations de paix en 1989, et conséquence de la volonté d’y associer les Khmers rouges – dont on sait qu’elle conduira à l’échec de la pacification du Cambodge par l’ONU –, l’impasse est faite sur les crimes commis par le régime de Pol Pot. Les termes « crimes contre l’humanité » et « génocide » sont bannis de tout document officiel. Les accords de Paris sur le Cambodge (1991) utilisent la formule « les politiques et les pratiques du passé » pour désigner l’élimination de près d’un tiers de la population cambodgienne ».

Ma petite recherche, quoique sommaire, me permettra de ne pas passer sous silence le fait qu’un « tribunal populaire révolutionnaire » avait jugé, en 1979, le Kampuchéa démocratique à travers deux de ses dirigeants : Pol Pot et M. Ieng Sary, son Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères, condamnés tous les deux à mort par contumace. Ce procès, qui a permis à de nombreux survivants de témoigner, est toutefois entaché dans la mémoire collective cambodgienne par le fait qu’il s’est tenu sous l’influence vietnamienne. Or la propagande des Khmers rouges n’a pas cessé, jusqu’à l’extinction du mouvement en 1998, d’attribuer aux Vietnamiens les massacres du régime de Pol Pot. Le comble du révisionnisme !

Comme d’autres, je considère comme très positif que le procès, finalement décidé par le gouvernement du Cambodge et les Nations Unies en 2003 et qui venait d’ouvrir ses portes ce matin à Phnom Penh, se tienne sur place et dans la langue du pays. Il faut rappeler que c’est par une lettre datée de juin 1997 et adressée à M. Koffi Annan, alors Secrétaire Général de l’ONU, que les autorités cambodgiennes demandaient « l’aide de l’ONU et de la communauté internationale afin de juger ceux qui ont été responsables de génocide et de crimes contre l’humanité pendant le régime des Khmers rouges ». « Etablir la vérité » et « juger les responsables » étaient les deux objectifs définis dans cette requête à laquelle accèda l’Assemblée générale de l’ONU à la fin de la même année. De nombreuses difficultés vont ensuite surgir, qui réclameront sept ans de négociations. L’ONU propose un tribunal international. Le Cambodge préfère une juridiction nationale assistée de magistrats et de conseillers étrangers. L’ONU exige alors le respect de critères juridiques internationaux, demande des garanties sur l’arrestation des suspects et réclame la participation de magistrats internationaux à tous les stades de la procédure. Un problème se pose en effet : les magistrats Cambodgiens sont tous juges et parties, dans la mesure où ils sont tous des survivants du régime de Pol Pot et des parents de victimes. En outre, il est manifeste que la magistrature cambodgienne, reconstituée après 1979, est loin d’atteindre un niveau adéquat de compétence et d’indépendance. Une loi votée en 2001 est amendée en 2004 pour que le fonctionnement de ces « chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens [CEC] destinées à juger les auteurs des crimes commis sous le régime khmer rouge » – nom officiel du tribunal – soit acceptable par l’ONU : l’instruction sera sous la responsabilité conjointe d’un Procureur Cambodgien et d’un procureur proposé par l’ONU, assistés chacun d’un Juge d’instruction de même origine ; la chambre de première instance et la Cour suprême seront composées de juges Cambodgiens et internationaux. Chaque fois, l’accord d’un magistrat international sera requis.
Deux poids, deux mesures - C’est sous la plume d’un spécialiste du Cambodge, Christopher Hitchens, auteur de l’ouvrage Les crimes de M. Kissinger, (2001), que je vous convie à lire ce qui ne peut que susciter indignation pour quiconque est épris de justice et réfractaire à l’idée d’une « justice du plus fort » : « Les Etats-Unis ont accepté le principe d’un procès à condition que le tribunal ne soit compétent que pour les crimes commis au Cambodge entre le 17avril 1975 et le 6 janvier 1979. Ne seront donc pas jugés les responsables étrangers de la tragédie, avant comme après la période du Kampuchéa démocratique. Aucun haut responsable civil ou militaire thaïlandais ne sera appelé à la barre, alors qu’il n’a cessé de s’ingérer dans les affaires cambodgiennes, dès 1953, alors qu’il n’a rien négligé pour déstabiliser le Cambodge neutraliste avant 1970, et qu’il a servi de base arrière à l’armée de Pol Pot de 1979 à 1998. Les dirigeants de Singapour, qui fut la plaque tournante de l’approvisionnement de l’armée de Pol Pot après 1979, ne seront pas davantage mis en cause. Pas plus que les gouvernements européens, conduits par le Royaume-Uni, impliqués dans la fourniture d’armes et de munitions aux Khmers rouges entre 1979 et 1991. Ni M. Henry Kissinger pour sa responsabilité dans les bombardements de mars 1969 à mai 1970, dans le coup d’Etat du 18 mars 1970 qui a renversé Sihanouk, et dans l’invasion du Cambodge en avril 1970. Et pas davantage le président américain James Carter et son conseiller à la sécurité nationale Zbigniew Brzezinski, qui ont fait le choix, en 1979, de condamner la libération du Cambodge par le Vietnam, d’imposer à ce pays un embargo total et de soutenir la reconstitution de l’armée de Pol Pot. Un choix qui est demeuré celui des administrations de Ronald Reagan et de M. George Bush (père) jusqu’en 1990 ». Si on ajoute à ce tableau le fait que Pol Pot et nombreux de ses lieutenants sont morts sans répondre de leurs actes, tandis que d’autres anciens criminels de cette période noire du Cambodge occupent encore des fonctions officielles dans ce pays, on se demande à quelle justice le monde va-t-il vraiment assister dans les mois et années à venir.

Telle est donc, au-delà du satisfecit qui accompagne le procès du dénommé Douch - lequel a demandé ce matin pardon aux familles des victimes et aux survivants de ses crimes odieux - la face cachée d’une justice… sélective. Une justice fidèle à une réalité qui, hélas, reste le talon d’Achille du droit international et en l’occurrence, de la justice internationale : les rapports de forces entre États protagonistes à un conflit, que ce dernier ait entraîné ou non les pires violations du jus cogens. Cela a été est illustré aujourd’hui au Cambodge, cela est valable pour les crimes qui se sont déroulés récemment à Abou Ghraïb et à Guantanamo, cela vaut également pour de nombreux crimes commis depuis 1997 dans le Nord et l’Est de la R.D. Congo où les appels des O.N.G. et de la société civile congolaise pour la création d’un Tribunal Pénal International pour ce pays, continuent à se heurter à un immense mur d’indifférence.

Suis-je optimiste malgré tout ? Oui et… non. Oui, car le droit international a malgré tout inventé cette notion juridique très pertinente qu’est l’imprescriptibilité, en vertu de laquelle rien, en théorie, pas même la puissance d’un État, ne peut empêcher ad vitam aeternam que les auteurs et complices des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité n’échappent à la justice. Mais je dis « en théorie » parce que je reste conscient que les vrais ennemis de cette ultime précaution sont loin d’être négligeables : le temps, ce facteur susceptible de fragiliser le processus de collecte des preuves et la mort, dans l’impunité, des présumés criminels. Une mort qui, en droit pénal, est justement synonyme de prescription. J’aimerais vous entendre là-dessus.

dimanche 15 février 2009

OBAMA OU LE RÊVE INACCESSIBLE À L'AFRIQUE

Vivant dans la capitale canadienne, je ne suis pas insensible à l’actualité locale qui est nourrie depuis quelques jours par l’arrivée prochaine à Ottawa, jeudi 19 février 2009, du nouveau Président américain qui perpétuera avec ce premier voyage officiel chez ses voisins du Nord, une longue tradition américaine. Mais ce dont je voudrais parler ici – et la création tardive de ce blog devrait m’en fournir l’excuse – c’est de cette effervescence qui, telle une onde de choc, a traversé la planète le soir du 5 novembre, à l’annonce de la victoire de l’ancien Sénateur noir de l’Illinois. Sa consécration qui a été saluée avec une ferveur particulière sur le continent africain d’où son père fut originaire, a inspiré à l’écrivain Mozambicain Mia Couto, un texte d’une beauté rare que je me permets de reproduire ici à votre intention . Je signale que la version originale en langue portugaise fut publiée en novembre 2008 par le journal Savana de Maputo. Jugez-en plutôt :

« Les Africains ont jubilé avec la victoire de Obama. J'étais l'un d'eux. Après une nuit blanche, dans la pénombre irréelle de l'aube, j'ai pleuré lorsqu'il a prononcé son discours de vainqueur. J'étais également à ce moment un vainqueur. J'avais ressenti la même joie à la libération de Mandela, en 1990. La nuit du 5 novembre, le nouveau président américain n'était pas seulement un homme qui s'exprimait. C'était la voix assourdie de notre espoir qui reprenait des forces et se libérait. Mon cœur avait voté, même sans permission. Habitué à peu demander, j'ai fêté une victoire multidimensionnelle. Je suis sorti dans la rue, et ma ville, Maputo, était devenue Chicago, où Noirs et Blancs respiraient et communiaient dans une même heureuse surprise. Parce que la victoire d'Obama n'est pas celle d'une race sur une autre, car sans la participation massive des Américains de toutes origines, les Etats-Unis ne nous auraient pas donné d'occasion de fêter.
Les jours suivants, j'ai prêté attention aux réactions euphoriques dans les coins les plus divers de notre continent. Des personnes anonymes, des citoyens voulaient tous témoigner de leur joie. J'ai pris note, avec quelques réserves, des messages solidaires des dirigeants africains. Presque tous appelaient Obama "notre frère". Je me suis alors demandé si tous ces dirigeants étaient sincères. Obama est-il proche de personnages politiques si différents ? J'ai des doutes. Parce que nous voyons des préjugés seulement chez les autres, nous ne sommes pas capables de voir nos propres xénophobies. Parce que nous condamnons l'Occident, nous oublions d'accepter les leçons qui nous viennent de cette partie du monde. Et si Obama avait été africain et candidat à la présidence d'un pays africain ? Si Obama avait été africain, un de ses concurrents au pouvoir aurait inventé une révision constitutionnelle pour prolonger son mandat. Et notre Obama aurait alors dû attendre quelques années avant de se représenter. L'attente pourrait être longue si l'on tient compte de la permanence d'un même président au pouvoir en Afrique – 41 ans au Gabon, 39 en Libye, 28 au Zimbabwe, 28 en Guinée-Equatoriale, 28 en Angola, 27 en Egypte, 26 au Cameroun. Il y a plus de quinze présidents qui gouvernent depuis plus de 20 ans. Mugabe aura 90 ans au terme du mandat par lequel il s'est imposé contre le verdict populaire. Si Obama avait été africain, le plus probable serait qu'étant candidat d'un parti d'opposition il n'aurait alors pas eu d'espace pour faire campagne. Il aurait été traité comme au Zimbabwe ou au Cameroun : il aurait été agressé physiquement ou arrêté et on lui aurait retiré son passeport. Les Bush africains ne tolèrent pas les opposants et ne tolèrent pas la démocratie. Si Obama avait été africain, il n'aurait pas été éligible dans la plupart des pays africains parce que les élites au pouvoir ont conçu des lois restrictives qui ferment les portes de la présidence aux fils d'étrangers et aux descendants d'immigrants. Le nationaliste zambien Kenneth Kaunda est aujourd'hui mis en cause, dans son propre pays, du fait de ses origines malawites. On a découvert que l'homme qui a conduit la Zambie à l'indépendance et qui a dirigé les pays pendant plus de 25 ans était un enfant du Malawi et avait ainsi dirigé "illégalement" le pays. Arrêté pour coup d'Etat, Kenneth Kaunda, qui donne son nom à l'une des plus nobles avenues de Maputo, s'est vu interdire de faire de la politique et le régime a ainsi écarté un opposant.
Soyons clairs. Obama est noir aux Etats-Unis. En Afrique, il serait métis. Si Obama avait été africain, il aurait vu sa race opposée à son visage. Non pas que la couleur de la peau soit importante pour les peuples qui espèrent de leurs dirigeants compétence et travail sérieux. Mais les élites prédatrices feraient campagne contre quelqu'un que l'on qualifierait de "non authentique Africain". Le même frère noir qui est célébré comme le nouveau président des Etats-Unis aurait été vilipendé ici comme représentant des "autres", des autres races, d'un autre drapeau (ou d'aucun drapeau). S'il avait été africain, notre "frère" devrait justifier devant les moralistes de service la mention, dans son discours de remerciement, de l'appui de la communauté homosexuelle. Péché mortel pour les avocats de la "pureté africaine". Pour ces moralistes – plusieurs fois au pouvoir –, l'homosexualité est un vice mortel inacceptable, étranger à l'Afrique et aux Africains. S'il avait gagné les élections, Obama aurait probablement dû s'asseoir à la table des négociations et partager le pouvoir avec le vaincu, dans un processus de négociation dégradant qui montre que, dans certains pays africains, le perdant peut encore négocier ce qui paraît sacré : la volonté du peuple exprimée par le vote. A ce moment-là, Barack Obama se serait assis à une table avec un Bush quelconque pour d'infinies négociations avec des médiateurs africains qui nous enseignent que nous devons nous contenter des miettes des processus électoraux lorsqu'ils ne sont pas favorables aux dictateurs.
La vérité est qu'Obama n'est pas africain. La vérité est que les Africains ont fêté avec toute leur âme la victoire américaine d'Obama. Mais je ne crois pas que les dictateurs et les corrompus de l'Afrique aient le droit d'être invités à cette fête. La joie que des millions d'Africains ont ressentie le 5 novembre est née parce qu'ils ont vu en Obama exactement le contraire de ce qu'ils connaissent avec leurs dirigeants. Bien qu'il nous soit difficile de l'admettre, une minorité d'Etats africains connaissent ou ont connu des dirigeants qui se préoccupaient du bien public. Le jour où Obama a remporté la victoire, les journaux internationaux ont rapporté des nouvelles terribles venant d'Afrique. Le jour de cette victoire, l'Afrique a continué à subir la mauvaise gestion et l'ambition démesurée de politiques avides. Après avoir tué la démocratie, ces politiques tuent la politique. Il reste la guerre, dans certains cas. Ailleurs, le renoncement et le cynisme. Il y a une seule façon de célébrer Obama. C'est de lutter pour que plus d'espoirs puissent naître sur notre continent. C'est de lutter pour que des Obama africains puissent aussi gagner. Et nous, Africains de toutes les ethnies et races, nous gagnerons avec ces Obama et célébrerons chez nous ce que nous fêtons chez les autres. »

Je n’ai personnellement aucun commentaire à ajouter à cette réflexion dont la justesse force le respect dû à l’auteur. C'est dire si j'épouse sa critique et son appel au sursaut des Africains qui se voient tous les jours confisquer le rêve qui a porté l'ancien Animateur social des quartiers pauvres de Chicago. J’ai eu plusieurs discussions sur le sujet avec des personnes de milieux et d’origines diverses, aussi bien ici au Canada que sur la toile. Ce texte suscite-t-il quelque chose chez vous ?

BIENVENUE SUR MON BLOG, VOTRE ESPACE !

Après avoir passé des mois à y réfléchir, j'ai finalement décidé de franchir le pas en dépit d'une vie assez bien remplie pour le moment : oser ouvrir un espace virtuel pour y coucher par écrit idées, réflexions, commentaires, critiques, etc., que suscite en moi la marche de l'Histoire dans ce monde auquel j'appartiens et dont je suis l'infiniment petit.

Ce serait presqu'un lieu commun que de dire à quel point ce qu'on a coutume d'appeler "la magie de la technologie" peut rendre, au propre comme au figuré, un tel pari à portée de main. Nous venons d'entrer de plein pied dans un siècle qui hérite d'une quasi révolution de l'univers de l'information et des communications, lequel avec Internet, a rapproché littéralement des hommes et des femmes des quatre coins du monde, de sorte que le sort du paysan du Guatémala ou de la Tanzanie peut aujourd'hui déterminer le goût du café que décidera de consommer un étudiant Suédois. C'est que les événements qui se déroulent aux quatre coins du monde nous parviennent désormais quasi instantanément et nous obligent plus souvent que dans le passé à penser "globalement" à défaut de pouvoir agir personnellement à la même échelle. On parle du "village mondial" pour souligner cette ère où le centre du monde semble ne plus être là où les fortunes de l'histoire des nations l'avaient fixé naguère, mais partout où l'individu "s'arrime" au flux d'informations sur les affaires du monde. Profitant ainsi à mon tour de cette position privilégiée que dorénavant chacun peut révendiquer grâce au web, j'ai décidé de me mêler de ce qui se passe dans ce monde, sans attendre que l'on vienne me demander mon avis. Non pas tant que je pense en savoir plus que le commun des mortels sur tout ce qui se passe à l'échelle de la planète, mais simplement parce que plus d'un sujet, d'actualité ou pas, vient solliciter l'intelligence et le sens critique de l'humain que je suis. Il en est d'ailleurs ainsi de la plupart de mes contemporains que je croise aussi bien dans ma vie professionnelle que privée.

Dans cet exercice qui n'a pour seule prétention que de laisser libre cours à ma liberté d'opinion et à son corrolaire qu'est la liberté d'expression, ma voix sera autant celle de l'homme de la diaspora congolaise qui s'exprime depuis son lointain "exil" nord-américain; celle de l'Africain qui essaie à sa manière de concilier anti-afropessimisme et réalisme intransigeant; mais aussi celle du juriste versé dans la cause des droits humains et partant, foncièrement préoccupé par le primat du droit partout où le sort de l'homme est en jeu. C'est donc avec tous les biais que suppose cette identité plurielle que je prends le parti de coucher ici le regard que je porte sur les affaires du monde d'aujourd'hui, me penchant sur tout sujet qui aura attiré mon attention ou suscité mon intérêt.

Je ne cacherai pas que l'exercice auquel j'entends sacrifier une partie de mon temps ne me procurera de réelle satisfaction que si je peux entrer dans l'échange avec l'autre que vous êtes, cher(ère) internaute. C'est, en effet, dans le partage des idées, voire dans la confrontation de celles-ci, que j'aurai le bonheur de dépasser la phase du monologue pour atteindre celle de l'intégration discursive de l'alterité. En Afrique, cela est connu sous le vocable désormais populaire de "palabre", que le peuple mbala du sud-ouest du Congo appelle le mbashi. L'idée est de se saisir de la diversité des opinions au sein de la collectivité pour dresser une tribune d'où pourrait émerger soit une solution à un problème qui en requiert une, soit un dialogue en vue de l'écoute de l'Autre. Cet autre qui pourrait être détenteur d'une part de cette vérité dont nous pourrions croire, à tort, détenir le monopole.

Bienvenue donc à la Palabre du Monde qui ne méritera vraiment son nom que lorsque vous me ferez l'insigne privilège de contribuer, par vos commentaires sur les sujets qui vous auront intéressé, à la vie de ce petit coin du web où je m'improvise "chef du village" ! Ce dont je vous remercie d'avance en espérant faire virtuellement votre connaissance bientôt, dans cet espace qui est aussi vôtre. Amitiés.